Chers lecteurs,
J’ai un ami qui a visité récemment un immeuble de rapport dans le cadre d’un investissement locatif. Dans la liste des conseils que je lui ai donnés pour la visite – celui de s’assurer que le nombre de compteurs électriques était égal au nombre d’appartements – était en première place.
En effet, il est tout à fait possible de se retrouver dans un cas de figure où un immeuble de rapport a plus d’appartements que de compteurs électriques… Que cela signifie-t-il ? Que le propriétaire actuel ou précédent a fait de la « division sauvage », en divisant des lots sans autorisation pour augmenter sa rentabilité. Il est possible de réaliser de la division immobilière, mais pas sans autorisation de la mairie, car il y a des règles et conditions d’urbanisme à respecter (voir PLU de la ville), telles que la création de places de parking ou de taxe de stationnement, etc. De plus, la commune doit autoriser ces créations de lots pour connaître le nombre de logements sur son territoire pour des raisons fiscales (taxe d’habitation).
Qu’est-ce que c’est que de la division sauvage ?
Cela veut dire qu’un propriétaire n’a pas déposé de demande de permis de construire ou de déclaration préalable de travaux auprès du service de l’urbanisme pour réaliser sa ou ses divisions dans son bien immobilier, ici l’immeuble de rapport. L’immeuble n’a pas été divisé dans les règles, et ces lots n’existent pas juridiquement: ils ne sont pas « cadastrés », ils ne sont pas officiels.
Comment vérifier que l’immeuble de rapport que l’on convoite a été divisé dans les règles ?
1) Compteurs électriques
Vérifiez qu’il existe autant de compteurs électriques que d’appartements dans l’immeuble de rapport que vous visitez. En effet, les compteurs électriques individuels sont obligatoires donc techniquement chaque logement doit avoir son compteur d’électricité.
Dans le cas où il y aurait moins de compteurs d’électricité que de logements, cela signifie qu’un ou plusieurs locataires partage(nt) un compteur et que le propriétaire re-facture l’électricité au(x) locataire(s) sans compteur(s) individuel(s): le propriétaire se met dans l’illégalité car cela s’apparente à de la revente d’électricité en la faisant payer via les charges, or il est interdit de revendre de l’énergie en France (tolérance pour le bail meublé).
Il peut arriver qu’un immeuble de rapport ait moins de compteurs que d’appartements, et pourtant il a bien été divisé légalement: cela veut dire que le propriétaire n’a pas réalisé la pose de compteurs électrique individuels lors de la division, pour des raisons financières par exemple, mais c’est un cas plus rare.
Le compteur des parties communes est aussi important que les compteurs des appartements, car ne pas avoir de compteur pour les parties communes, c’est illégal. En plus, cela voudrait dire qu’un locataire paie sans le savoir l’électricité des parties communes…
C’est Enedis (le réseau de distribution d’électricité en France) qui s‘occupe de la pose des compteurs et, comme ils ont un monopole, la procédure est longue et coûteuse. Et pour obtenir cette pose de compteur, Enedis demande aux propriétaires la preuve de l’autorisation de la mairie, tels que la validation de la demande préalable de travaux ou le permis de construire. Ce n’est pas une obligation légale, mais en accord avec les services d’urbanisme, Enedis l’exige de plus en plus afin que les mairies puissent contrôler la création de nouveaux logements.
C’est pourquoi aujourd’hui c’est un peu plus compliqué (mais pas impossible) de faire de la division sans autorisation, cependant l’immeuble de rapport que vous visiterez a pu être divisé il y a plusieurs années, époque durant laquelle il était plus simple d’obtenir un compteur électrique sans montrer « patte blanche ».

2) Relevé de propriété ou extrait de la matrice cadastrale
Le relevé de propriété (ou la matrice cadastrale) est un document officiel qui est un relevé des biens détenus par un propriétaire au 1er janvier de l’année. À ne pas confondre avec le plan cadastral qui indique seulement l’emplacement et les limites des parcelles d’une commune.
Pour la plupart des communes, il suffit de d’en faire la demande auprès du centre des impôts fonciers de la commune où se situe l’immeuble de rapport, en remplissant un formulaire Cerfa que vous trouverez en ligne sur internet et qu’il faudra envoyer par courrier (Vous pouvez demander à votre notaire de le faire pour vous).
Il est parfois possible d’obtenir le relevé de propriété en s’adressant directement à la mairie, qui peut en faire la demande en ligne afin de vous transmettre le document quelques jours plus tard.
Le relevé de propriété est document fiscal, il indique le nombre de taxe d’habitation donc le nombre de logements au sein de l’immeuble de rapport.
3) Pourquoi c’est important ?
Tout d’abord, au niveau du prix de vente, ce n’est pas pareil d’acheter un immeuble de rapport qui a techniquement 5 lots par exemple, alors que légalement il n’en compte que 3. C’est donc un élément à considérer dans la négociation du prix. Par ailleurs, une revente à la découpe ne sera pas possible si vous ne prenez pas en charge la mise en conformité à posteriori de la division auprès de l’urbanisme (et si cela vous est accordé – en dehors de la prescription, voir plus bas)
Si vous êtes prêt(e) à acheter un immeuble de rapport divisé « sauvagement »:
La division a été réalisée il y a moins de 10 ans:
- soit vous le conservez tel quel, avec les risques que vous encourez en tant que bailleur qui re-facture de l’électricité (pour les baux en location nue), et le risque que la mairie se rende compte de la non-conformité de la création des logements suite à la division, et vous met en demeure ou vous assigne en justice pour une remise en état, ou pour une mise en conformité avec le PLU: ce qui peut être très couteux en fonction des PLU, comme devoir créer ou acheter des places de parking pour les logements créés.
- soit vous prenez directement en charge la transformation non-officielle en officielle de l’immeuble de rapport, et dans ce cas, il ne faut pas avoir de « phobies administratives » et prévoir un budget pour les coûts liés à la pose des compteurs électriques ou aux éléments de conformité du PLU de la ville.
La division a été réalisée il y a plus de 10 ans:
C’est le meilleur scénario. En effet, la prescription pour une division qui été réalisée sans autorisation est de 10 ans: 6 ans pour la responsabilité pénale et 4 ans supplémentaires pour la responsabilité civile. Dans ce cas précis, la mairie ne peut plus vous poursuivre vous obliger à vous conformer au PLU ou pour ordonner la démolition de la division. Il faudra alors fournir les preuves que l’immeuble est exploité de la sorte depuis plus de 10 ans, tels que les factures des travaux qui ont été réalisées, les baux des locataires, etc, pour que la création des lots devienne légale.
J’espère que cet article sur la division immobilière illégale vous servira pour avoir un oeil plus aguerri, lors d’une prochaine visite d’un immeuble de rapport.
N’hésitez pas à commenter ci-dessous.

Kit du débutant en investissement immobilier
- Investissement immobilier, par où commencer ?
- 8 conseils en or pour maximiser votre rentabilité
- Les 6 meilleures raisons d’investir dans l’immobilier
Bonjour Azar,
Dans la rubrique 1) Compteurs électriques, vous précisez que la procédure pour la pose est longue et coûteuse mais est-ce au niveau de la mairie ?
Car sur le site d’ENEDIS, il est écrit que le raccordement peut se faire sous 10 jours (si on rajoute un éventuel retard, pensez-vous que cela peut prendre plus de 3 mois) ?
Lien ENEDIS: https://emea01.safelinks.protection.outlook.com/?url=https%3A%2F%2Fwww.enedis.fr%2Ffaq%2Fraccordement-electrique%2Fcomment-organiser-le-raccordement-electrique&data=04%7C01%7C%7Cbbdddf8943f24d98281a08d988bf866b%7C84df9e7fe9f640afb435aaaaaaaaaaaa%7C1%7C0%7C637691178447029769%7CUnknown%7CTWFpbGZsb3d8eyJWIjoiMC4wLjAwMDAiLCJQIjoiV2luMzIiLCJBTiI6Ik1haWwiLCJXVCI6Mn0%3D%7C1000&sdata=%2BZNTq6g9fs%2FaWeg7GLsKxGruwjQGmQtrG4L4cx9OlQU%3D&reserved=0
Bonjour Annaelle,
Dans le cadre de la mise en place d’un nouveau compteur (compteur qui n’existait pas avant, ne pas confondre avec un remplacement), il faut faire la différence entre le raccordement et la mise en service. Sur le site d’Enedis, le délais de 10 jours concerne la mise en service, donc un fois que le compteur est installé. Sauf que c’est de délai d’intervention du technicien pour l’installation qui prend beaucoup de temps. D’expérience et de retours d’artisans/entrepreneurs, cela met entre 2 mois et 6 mois (dans le pire des cas), tout dépend de la ville. Comme je le disais dans l’article, ENEDIS a le monopole, donc l’entreprise croule sous les demandes à certains endroits, et les délais d’intervention peuvent être très long. Donc pour répondre à votre question: oui cela peut prendre plus de 3 mois, c’est pour cela qu’il faut faire la démarche très vite, au commencement des travaux ou avant si possible.
J’ai trouvé une grille tarifaire ici: https://bit.ly/3oGj2hO
J’espère vous avoir un peu plus éclairée 🙂